[Juillet 2024] Les marchés du logement sont gagnés par l’attentisme de la demande face à une offre fragilisée par les conséquences de chocs externes successifs depuis 2020. Les tendances récessives des marchés résidentiels amorcées l’année dernière se prolongent en 2024. Dans ce contexte, la probabilité d’une reprise rapide est faible.
Depuis le début d’année, l’environnement macroéconomique mondial est en voie d’amélioration. L’activité économique américaine a fait preuve d’une « bonne tenue relative » (+1,7 %), tout comme celle de la zone euro (+1,3 %) ou de la Chine. Un « début de convergence des rythmes de croissance » se dessine « entre une économie américaine, gagnée par des signes de plus en plus tangibles de ralentissement, une zone euro, désormais sur un sentier de redémarrage à consolider, et une Chine en recherche hors de ses frontières d’une croissance introuvable en interne ». En « dépit d’une résistance de l’inflation américaine (3,3 %) et européenne (2,5 % l’an en juin) dans les services », la désinflation semble désormais se confirmer.
La France a commencé l’année sous les mêmes auspices. Toutefois, malgré l’élan des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, l’aggravation de son déficit public a motivé une dégradation de sa note souveraine fin mai et une mise en garde pour déficit excessif en juin de la part de la Commission européenne.
Ces effets d’annonce, l’incertitude politique qui a gagné le pays en juin après la dissolution de l’Assemblée nationale à l’issue des résultats des élections européennes et le contexte international assombri par les tensions géopolitiques aigües pèseront sur le climat économique français.
Après le choc de la hausse des taux d’intérêt directeurs en 2023, les politiques monétaires strictes menées par les banques centrales ont démontré leur efficacité à lutter contre l’inflation. Ces politiques s’efforcent à stabiliser les taux tant que la trajectoire d’une inflation à 2 % (à l’horizon 2025) n’apparaît pas consolidée. L’orientation de l’inflation en zone euro a toutefois permis à la BCE (Banque centrale européenne) de décider d’abaisser de 0,25 pb (point de base) ses taux directeurs en juin, alors que de son côté, la Réserve fédérale américaine a reculé cette décision devant la résistance de l’inflation aux États-Unis.
En France, la décrue des taux pratiqués par les banques au cours des trois derniers mois a conduit mécaniquement à un recul du taux d’usure en juin 2024. Mais si, en avril, la Banque de France soulignait un rebond des crédits immobiliers, la production mensuelle reste ancrée à son plus bas niveau depuis 2015, illustrant à la fois l’atonie du marché immobilier mais aussi l’incapacité du marché du crédit à soutenir et stimuler l’activité.
Après une succession de chocs externes majeurs (vagues de COVID, guerre en Ukraine, remontée des taux d’intérêt, maintien d’un niveau d’inflation élevé et reflux beaucoup plus difficile qu’espéré, …), l’instabilité politique en France vient ajouter une incertitude supplémentaire au contexte immobilier, réputé adverse aux risques.
17 % des Français estiment que le moment est favorable pour acheter un logement (juin 2024).
La faiblesse de la croissance économique française, la volatilité du climat social, le niveau des taux d’intérêt et les difficultés d’accès au crédit à l’habitat pesaient déjà sur le moral des ménages, contrariant leurs projets immobiliers au cours des derniers mois. Si ceux-ci conservent une indéniable appétence pour l’immobilier qui incarne sécurité contre aléas de la vie, valeur patrimoniale et valeur d’usage, le marché résidentiel apparaît aujourd’hui comme à bout de souffle, victime de l’attentisme des Français et du défaut de soutien public.
La perspective d’un rebond à court terme semble peu envisageable, même si, dans le contexte politique actuel, le sujet du logement a soudainement refait surface. Une réelle relance du secteur par des mesures d’accompagnement des pouvoirs publics nécessiterait des dépenses budgétaires conséquentes. Or, cette alternative parait limitée par le niveau élevé des déficits publics en France.
18 % des ménages ont ou prévoient un projet d’achat dans les 12 prochains mois.
Quoi qu’il en soit, l’inertie des marchés immobiliers faisant, la probabilité d’une poursuite du repli d’activité en 2024 se renforce, un affaiblissement supplémentaire des prix reste déterminant pour redonner du pouvoir d’achat immobilier à la demande des ménages qui ont besoin de gagner en confiance dans l’avenir pour réinsuffler une dynamique aux marchés immobiliers.